Présentation du Sorgho
Le Sorgho est une graminée herbacée pérenne, mais la plupart du temps conduite comme une annuelle (a fortiori en climat tempéré).
Au plan mondial, bien que ce ne soit pas le cas en Europe (il est cependant de plus en plus fréquent de croiser des champs de Sorgho au sud de la Loire, en région Aquitaine par exemple), c’est la cinquième « céréale ». Il est notamment bien plus fréquent de le croiser en climat aride car le Sorgho a cet avantage sur le Maïs qu’il a besoin de beaucoup moins d’eau. En France, il est intéressant parce que, comme culture fourragère par exemple, il n’a pas à être irrigué.
Les Intérêts du Sorgho
Au jardin bio, le Sorgho montre une liste assez impressionnante d’avantages :
En premier lieu, sa biomasse. Elle est plus importante que celle du maïs, son potentiel de masse carbone est plus important. Donc, conformément et en toute logique avec ce dont je vous fait part depuis quelques mois maintenant, davantage de carbone, c’est davantage de fertilité, mais avant tout c’est plus de vie du sol, sur toute la chaîne, de la rhizodéposition à la récolte et au fauchage. Carbone = vie donc carbone = NPK biologique (entre autres, puisque les suites d’un retour de carbone au sol ne se résument pas à n’apporter que des NPK).
En conditions favorables, le Sorgho peut produire à lui seul jusqu’à 25 tonnes de matière sèche à l’hectare (pas sous nos latitudes cependant). C’est à peu près le seuil nécessaire à l’auto-fertilité, et ce en une seule culture, sans apport de paille, ni BRF, ni foin ! Selon Claude Bourguignon, c’est une plante qui, au Brésil, peut produire 4,50m de végétation en soixante jours… Ce qui fait 95 tonnes de matière organique à l’hectare (entre 20 et 25 tonnes de matière sèche) !!!
Son pouvoir de « désherbage ». Le Sorgho est fortement concurrentiel avec les spontanées, à biomasse nettement plus faible, principalement du fait du développement de son système racinaire, et de sa vigueur qui lui permet d’aller chercher l’énergie solaire très haut. Ses racines sont à la fois très fasciculées et profondes, mais le Sorgho possède également une puissante racine pivotante. L’idéal !
Il peut être, pour ceux d’entre nous qui sont dans ce cas, valorisé en alimentation animale.
La graine de Sorgho, une fois correctement séchée, est tout à fait comestible pour l’homme, voire très bénéfique. Elle est très utilisée, voire très prisée en milieux arides, de l’Afrique à la Chine. Les utilisations les plus courantes en nutrition humaine sont les farines (délicieuses !), les sirops (le Sorgho est très sucré, très appétant et nutritif), les bouillies et purées, et les fermentations (bières et alcools).
Il est donc possible de coupler, en une seule culture d’été, un engrais vert de toute première qualité avec une production vivrière également très qualitative. A tous points de vue, en nutrition humaine, c’est meilleur que le maïs. C’est plus goûteux, c’est plus nutritif, et c’est bien plus digeste.
Le Sorgho peut très bien être utilisé dans les cultures associées de type « Milpa », où sous nos latitudes il remplacera avec avantage le maïs dans le tuteurage du haricot à rames.
Tout comme le Maïs dont il est un cousin, le Sorgho est une plante dont les racines sont très fortement mycorhizées. D’où l'idée de le semer sous litière très ligneuse, en présence d’humidité, d’engrais organiques et de fixateurs d’azote (trèfle en couvre-sol). C’est triple bénéfice : Sa croissance est démultipliée, d’où un retour décuplé de masse carbone, qui va enclencher le cercle vertueux de l’humification ; La mycorhization qu’il induit va profiter aux cultures qui vont pousser en même temps que lui (typiquement, une grimpante et un couvre-sol) ; Les champignons mycorhiziens, une fois sur place, vont ensuite coloniser l’ensemble de la litière, et proliférer à l’automne avec le retour de l’humidité. C’est un avantage de premier ordre pour toutes les cultures suivantes.
Sa paille est très allélopathique, bien plus que celle du maïs, donc engendrera d’elle-même une meilleure gestion des spontanées et de l’enherbement d’une manière générale, pour les cultures suivantes.
Ses racines sont fortes et profondes, d’où une bien moindre souffrance à la sécheresse que la plupart de ses cousins. D’une pierre, deux coups : Moins d’arrosage, et une fissuration et un ameublissement du sol optimaux. C’est d’autant plus vrai dans un sol très vivant, où ses racines prendront beaucoup de plaisir et de facilité à descendre via les galeries des vers de terre, où elles vont en plus bénéficier des nutriments laissés par les vers sur les parois des galeries via leur mucus, et notamment l’azote.
La paille de Sorgho, du fait de sa constitution, de sa taille, et de sa qualité, est un refuge de premier ordre pour l’ensemble de la faune du sol. Les vers de terre y trouvent un refuge de qualité, surtout les épigés qui sont régulièrement décimés par leur proximité avec la surface qui les expose aux prédateurs.
Le Sorgho est fauché à l’automne, et il y a fort à parier que l’arrivée brusque d’une telle quantité de biomasse directement au sol ait un effet très régulateur sur les détritivores, dans le genre de nos fameuses et chères limaces.
Les Inconvénients du Sorgho
Son désavantage majeur, c’est que c’est une culture d’été, c’est-à-dire qu’il poussera au moment où nous avons le plus besoin de l’espace de nos planches de culture… Mais encore une fois, il faut l’associer à d’autres productions. L’exemple typique est celui des cultures grimpantes ou hautes, comme les tomates, les haricots à rames, les melons à palisser, les concombres, les aubergines…
Un autre désavantage possible c’est une vraie forêt vierge. Et une fois sur le sol, c’est 15 cm de litière, aux bas-mot, et qui mettra tout de même un certain temps à se décomposer.
Utilisé en couvert, en tuteur, en culture vivrière principale, il est de toute façon intéressant de le fertiliser, pour maximiser encore l’ensemble des bienfaits qu’il nous apporte.
Utilisations du Sorgho
En mélange dans le couvert sur une nouvelle parcelle où seront disposées les serres au printemps prochain.
En tuteurage de tout ce qui en a besoin.
En production vivrière.
En ombrière naturelle pour tout ce qui préfère l’ombre : quelques pieds de mesclun et de laitues à couper.
Comment le conduire le sorgho?
La conduite du Sorgho est assez simple, mais les pré-requis sont en revanche non négociables : Il lui faut un sol chaud, humifère, profond, et riche.
N’hésitez pas à le fertiliser, même légèrement, pour le départ. Ensuite, il devra développer sa symbiose mycorhizienne mais si vous voyez que « ça rame », et que vous voulez quand même un maximum de biomasse, apportez du compost, voire de l’azote organique rapidement minéralisable (sang séché et corne broyée). En dernier recours, utilisez une sulfate de potasse minérale type PatentKali, a fortiori à la fructification. Les purins azoté et potassiques, types ortie et consoude, sont très appropriés, tous les 10 jours environ. Les mêmes plantes en mulsch sont tout aussi indiquées, et sans doute même meilleures sous cette forme pour une fertilisation de long terme.
Au nord de la Loire, il est inutile de semer avant le 15 mai, et encore, sous abri si le climat ne s’y prête pas. Pour une utilisation en tuteur, semez sous châssis ou sous serre, en godets, des poquets de 3 graines. Ne conserver que la plantule la plus vigoureuse de chaque godet après trois semaines de levée. Repiquer au 15 Juin, pas avant. C’est une plante TROPICALE !