Le Pavot                                  
 
Le pavot à opium, Papaver somniferum, variété album, appartient à la famille des Papavéracées comme le coquelicot (P. rhoeas) et l’œillette (P. somniferum variété nigrum) cultivée pour ses graines oléagineuses et comestibles utilisées en boulangerie.
 
Les plants de pavot mesurent de quelques dizaines de centimètres à plus d’un mètre de haut. La tige, peu ramifiée, comporte de grandes feuilles entières dont la base enveloppe la tige. L’extrémité des rameaux porte un bouton floral unique. Dès que la fleur se déploie, elle perd ses deux sépales. 
Après pollinisation, l’ovaire se transforme en fruit, une capsule globuleuse plus ou moins arrondie ou ovoïde de quelques centimètres de diamètre surmontée d’un plateau de forme circulaire armé d’une vingtaine de rayons. Le pavot à opium présente des capsules indéhiscentes, c’est à dire dont les graines ne peuvent s’échapper sans destruction du fruit.  
 
En Europe, les graines germent en automne, les jeunes plantes passent l’hiver en vie ralentie et elles reprennent leur croissance au printemps si les températures hivernales ne sont pas trop basses. Les graines qui n’ont pas germé à l’automne peuvent néanmoins germer au printemps. Dans les régions intertropicales, au moins deux cycles de végétation peuvent être obtenus chaque année. 
 
L’opium est le latex exsudé par les capsules du pavot, Papaver somniferum album, lorsqu’elles sont incisées. C'est le produit de sécrétion de canaux spécialisés, les laticifères particulièrement abondants dans la capsule. Dans les régions de production, les capsules encore vertes juste après leur floraison sont incisées au petit matin sur une profondeur de un à deux millimètres de façon à n’atteindre que les laticifères présents dans le mésocarpe de la capsule (couche moyenne du fruit). Le latex sourd par les scarifications sous forme de gouttelettes blanches qui brunissent rapidement à l’air en se solidifiant. Il est récupéré quotidiennement avec un grattoir pendant quelques jours jusqu'à épuisement de la tête. C’est l’opium brut. Il est réuni en pains de 500 grammes à un kilo et se solidifie au cours de son évaporation, sa consistance étant d'autant moins malléable qu'il est plus sec. Chaque tête de pavot peut fournir de 0,2 à 2 grammes d’opium brut. Le principal alcaloïde psychoactif de l'opium est la morphine qui en constitue jusqu'à 10 % du poids sec mais l'opium contient quelques dizaines d'autres alcaloïdes plus ou moins psychoactifs. 
 

MODES DE CONSOMMATION
 
Les plantes de la sous-espèce Papaver somniferum var. album renferment en général une plus grande quantité de morphine que les autres (10 % environ). 
 
Le pavot est principalement consommé sous forme d'opium ou de rachacha, ces deux préparations pouvant être soit fumées, soit ingérées, éventuellement après avoir été dissout dans de l'eau. Sniffer ces produits est difficile et peu confortable, quant à l'injection intraveineuse, elle est extrêmement dangereuse et est à proscrire puisque ces produits contiennent près de 80% d'impuretés.  
L'opium peut être avalé ou bu en décoction mais son usage le plus courant consiste à être fumé, souvent à l'aide d'une pipe (où la boule d'opium est préchauffée en étant piquée sur une aiguille), parfois mélangé avec du tabac. L'opium est également fumé en cigarette avec du tabac (parfois du cannabis, le « joint » est alors qualifié « impérial »), l'effet est rapide et semblable (en moins intense) à la consommation d'héroïne : sensation d'extase orgasmique, état de relaxation intense, insensibilité totale à la douleur (propriété analgésique de la morphine), difficulté de coordination des mouvements, etc. Les effets secondaires classiques des opiacés, semblables à ceux de l'héroïne peuvent apparaître en cas de surconsommation: dépression respiratoire, constipation et forte dépendance.  
La consommation d'infusions et de décoctions directement préparées à partir de la plante, et plus particulièrement des capsules, est assez fréquente : c'est le fameux "poppy pod tea" (en français, thé de capsules de pavot).  
Notons enfin l'émergence d'une mode plus récente consistant à préparer une infusion de graines : le "poppy seed tea". Ces dernières ne contenant pas d'alcaloïdes, la présence d'opiacés dans ces préparations est très discutables et dans les cas où elle est avérée, elle est aléatoire et dangereuse, étant due le plus souvent à la présence par erreur de minuscules morceaux de capsules séchées ou de latex déshydraté parmi les graines.  
 
Le rachacha  
Le rachacha est fabriquée par décoction des capsules de pavot séchées et concassées dans de l'eau, parfois légèrement acidifiée pour favoriser la libération des alcaloïdes. Une fois filtrée, la décoction est laissée à évaporer pour obtenir une pâte brun foncé, collante, voir liquide selon le degré de déshydratation. Le mélange peut éventuellement être chauffé pour faciliter la libération des alcaloïdes pendant la phase de décoction, ou pour accélérer la phase de séchage. Augmenter la température nécessite cependant un certain savoir-faire, de nombreux usagers des forums anglo-saxons prétendant que la morphine pourrait être dégradée lorsque la température est portée à plus de 80°C.  
 
Les infusions de capsules  
Mode de consommation le plus direct (ou presque), le "poppy pod tea" est confectionné par décoction des capsules séchées puis broyées dans une eau chaude légèrement acidifiée. Ici encore, certains usagers conseil d'éviter les températures proches de celle de l’ébullition. Le breuvage obtenu est plus ou moins amer selon sa teneur en alcaloïdes, cette amertume constitue un indicateur de puissance relativement fiable, bien que non infaillible, pour l’usager initié.  
 
DOSES  (voir aussi Laudanum ci-dessous)
 
Rappel posologie de morphine en médecine: 
Il est recommandé de débuter le traitement opioïde fort avec une dose faible, surtout chez la personne âgée (1/3) et celles qui ont une insuffisance hépatique ou rénale (1/2).  
Chez l’adulte, la dose recommandée de morphine est de l’ordre de 1 mg par kg et par jour (qui sera divisée par 2 en cas d’insuffisance rénale ou hépatique), soit 10 à 30 mg de morphine orale, 1 à 2 fois par jour, en adaptant en fonction du maximum diurne ou nocturne de la douleur, du terrain (sensibilité particulière des sujets âgés), d’éventuelles maladies associées (insuffisance hépatique, insuffisance rénale ou insuffisance respiratoire), ainsi que des co-prescriptions de médicaments qui pourraient interférer avec le métabolisme ou l’élimination des morphiniques.
 

Que ce soit pour l'opium et le rachacha, fumés ou ingérés, mais aussi pour les infusions de pavot, il est en général difficile de donner des indications de dosages fiables tant les concentrations en alcaloïdes sont variables. Il est par contre certain qu'un surdosage est plus facile à éviter lorsque le produit est fumé puisque les effets se feront ressentir beaucoup plus rapidement. Les fourchettes de dosages suivantes sont données à titre purement indicatif, chaque personne réagissant différemment, de même que chaque plante ayant son propre dosage en alcaloïdes. A noter qu'il s'agit de dosages pour des personnes naïves aux opiacés.
Opium et rachacha: l'usage est de fumer dans une pipe une petite boule de la taille de deux grains de riz (environ 0.1g ), l'opération pouvant éventuellement être répétée quelques dizaines de minutes après pour obtenir les effets désirés.  
Pour l'ingestion par voix orale, les usagers suggèrent une dose de départ de 0.3 ou 0.5 g ( taille d'un pois chiche), mais il serait sans doute plus prudent, lorsque l'on ne connait pas encore la puissance du produit ou lorsque l’on n’a jamais consommé d’opiacés, de commencer avec un dosage bien plus faible, quitte à ajuster celui-ci une ou deux heures plus tard.  
Infusions de capsules: Le dosage est ici tributaire de la variété utilisée, une capsule de Papaver somniferum var. album est en général largement suffisante pour une première expérience. Pour la variété nigrum, celle des fleuristes et des champs de pavots à usage médical, en moyenne quatre à six capsules sont nécessaires. Cela dit, quelle que soit la variété, la quantité d'alcaloïdes présents dans la plante est sujette à de grande variations, il se peut donc que ces quatre ou six capsules ne procurent aucun effet, tout comme il se peut que ce soit définitivement trop, il est donc déconseillé de boire la totalité du thé d'un seul coup. Les usagers expérimentés conseillent d’en avaler une petite fraction, puis d’ajuster en conséquence une à deux heures plus tard. Il faut également garder à l'esprit que la monté des effets du thé de capsules est très lente et il est parfois nécessaire d'attendre jusqu'à trois heures pour en ressentir les pleins effets.  
Thé de graines: A proscrire . 


LE LAUDANUM


Le laudanum est une teinture alcoolique d'opium très addictive. La préparation à base d'alcaloïdes issue du pavot somnifère est surtout prescrite dans le traitement symptomatique des diarrhées aiguës et chroniques, résistantes à tout autre traitement médicamenteux. Cette teinture d'opium, quelquefois adoucie par du sucre, est aussi appelée vin d'opium. 
 
Le laudanum de Sydenham, est une teinture d'opium safranée introduite et expérimentée par Sydenham, au cours des épidémies de dysenteries des années 1669-1672, à Londres. Jusqu'à la généralisation de l'usage du chlorhydrate de morphine, ce remède demeurera l'analgésique le plus utilisé. C'est un breuvage calmant opiacé dont la composition est : 

Poudre d'opium officinal .. 110 g 
Safran incisé ................... 50 g 
Alcool à 30° ..................... 920 g 
 
Nota: le safran incisé est un safran divisé finement mais non pulvérisé. S'il est pulvérisé il forme une pâte qu'il est impossible de filtrer lors de la préparation.

Les substances sont mises à macérer en vase clos pendant dix jours puis filtrées.
Le safran est ajouté pour ses propriétés colorantes et aromatisantes afin de masquer l’odeur vireuse de l’opium.


1 goutte = 0,050 ml 
20 gouttes= 1 ml de laudanum contient environ 100 mg d'opium soit 10 mg de morphine

Diarrhée 
Le laudanum est indiqué pour le traitement de graves fulminante (intense, prolifique) diarrhée qui ne répond pas au traitement standard (par exemple, Imodium ou Lomotil ). La dose initiale habituelle est de 0,3 ml à 0,6 ml (environ six à 12 gouttes) dans un verre d'eau ou de jus quatre fois par jour (soit 12 à 24 mg de morphine par jour).
Les cas réfractaires (tels que la diarrhée résultant des complications du VIH / SIDA ) peuvent nécessiter plus de dosage normal, par exemple, 1 à 2 ml (20 à 40 gouttes) toutes les 3 heures, pour une dose quotidienne totale allant jusqu'à 16 ml par jour (soit un maximum de 160 mg de morphine).
Dans les maladies du terminal, il n'y a aucune dose de plafond pour la teinture d'opium; la dose est augmentée lentement jusqu'à ce que la diarrhée est contrôlée.


Douleur 
Compte tenu de sa forte concentration de morphine, teinture d'opium est utile pour le traitement de la douleur modérée à sévère.
La dose de départ habituelle chez l' adulte est de 1,5 ml (30 gouttes) par voie orale toutes de 3 à 4 heures, ce qui représente l'équivalent de 15 mg environ de morphine par dose. 
 
Les patients tolérants à l'opioïde peuvent nécessiter plus que le dosage normal. Pour le patient tolérant aux opiacés, des doses dans la gamme de 3-6 ml toutes les 3-4 heures seraient d'habitude. Cela représenterait une dose quotidienne équivalente comprise entre 180 mg et 480 mg de morphine.




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