Comment fermenter les légumes racines
Les
légumes-racines sont très faciles à fermenter, je les conseille, après
le chou, pour les débutants. Le résultat est délicieux. Si vous n’avez
pas l’habitude du goût acidulé des légumes suris, commencez par des
fermentations courtes de 2 semaines vers 20 °C, pas plus pour que tout
se passe en douceur.

Carottes, navets, betteraves.
La choucroute
n’est pas le seul légume à fermenter au sel. Maintenant voici ses
variantes : le navet, « sürerüwe » en alsacien, le chou-rave, les
carottes, les betteraves rouges, le panais, le radis blanc, et les
autres légumes-racines que l’on râpe et prépare de la même façon.
Les bocaux
On utilise des bocaux à fermeture à
joint de caoutchouc comme ceux de la marque Le Parfait. Pour l’instant
je n’ai pas trouvé mieux. Le gaz de fermentation suffit à chasser le peu
d’air emprisonné sous le couvercle quand on ferme le bocal, et le joint
empêche l’air de rentrer. La fermentation a bien lieu en anaérobie. Une
fois que la fermentation est effectuée, les légumes se conservent plus
d’un an, même si le bocal est entamé. Lavez les bocaux juste avant, le
plus simple est de les passer au lave-vaisselle. Laissez-les ensuite en
attente sur un torchon propre.
Le sel :
Utilisez du sel gris de mer, non traité
et sans additifs. On en trouve facilement dans les grandes surfaces,
souvent en sachet de plastique, placés tout en bas des rayons. Attention : certains sels industriels contiennent des anti-agglomérants E 536,
qui ne sont pas toxiques à priori, mais qui se décomposent en milieu
acide, et donnent un goût bizarre de rance ou de vieux tabac froid aux
conserves. Vérifiez sur le paquet qu’il n’y a rien d’autre que du
sel ! (cliquez sur la photo de mon sel pour la voir plus grande : c’est
du sel, point final.)
La dose de sel est de 1 % du poids net des légumes.
Les légumes :
Tous les légumes racines conviennent. Faites des bocaux mono légumes ou inventez des mélanges.
Mettez les aromates que vous aimez :
fines herbes, ail, oignon, poireau, ciboule, persil, coriandre,
estragon, basilic, bâton de cannelle, girofle, genièvre gingembre…
Épluchez-les si la peau est grosse. Vous
pouvez laisser la peau si elle est fine. Ne les rincez pas, sauf s’ils
ont de la terre. Râpez-les ou bien détallez-les en fine julienne.
Pesez vos légumes après épluchage et préparez 10 g de sel par kilo.
À savoir pour les betteraves rouges utilisées seules :
Elles ont tendance à donner un jus un peu filant, ce qui n’est pas
signe que ça a raté, au contraire (les grands mères polonaises du siècle
dernier affirmaient que le barszcz, soupe de betteraves suries,
devait être un peu filant pour être réussi. Si cela
vous dérange, faites les betteraves en saumure plutôt qu’au sel).
Comment faire ?
- Mélangez dans un récipient les légumes
et le sel, éventuellement des aromates, en pressant bien avec les mains
pour faire sortir le jus des légumes.
- Laissez reposer une quinzaine de minutes afin de laisser le temps au jus de bien sortir.
- Une fois que c’est fait, tassez-le tout
dans le bocal (n’oubliez pas le jus), en pressant fortement avec la
main ou avec un pilon, afin de chasser les poches d’air et d’exprimer le
jus des légumes.
- Fermez ensuite hermétiquement le
bocal, avec son caoutchouc. Posez-le sur une assiette, car si vous avez
trop rempli le bocal, il se peut que cela déborde lorsque la
fermentation va commencer. Gardez-le à température ambiante pendant 1
semaine. Si un débordement se produit, contentez vous de vider le
liquide de l’assiette, et essuyez le bocal, ne l’ouvrez surtout pas !
A noter : Si (et seulement si) le jus exprimé ne recouvre pas
entièrement les légumes quand vous les pressez, ajoutez de l’eau jusqu’à
leur hauteur. Attention, ajoutez le moins d’eau possible, car ça risque
de rendre les légumes mous après la fermentation. Normalement, l’eau
des légumes remonte quand vous pressez et redescend quand vous lâchez :
c’est normal, ne tenez pas compte du relâchement. S’il y a de l’eau au
pressage, ça suffit, n’en rajoutez pas.
Que se passe-t-il dans le bocal ?
Au bout de quelques heures, le légume va
libérer toute son eau, et le bocal va se remplir de liquide. Après 1
jour ou 2, vous allez constater une effervescence. Ça va faire des
bulles et même cela peut chuinter ou siffler autour de l’ouverture. Ce
n’est pas le légume qui se plaint, c’est le gaz carbonique produit par
la fermentation qui chasse l’air situé entre le niveau du liquide et le
couvercle : ainsi l’air extérieur ne pourra plus entrer dans le bocal.
La fermentation pourra se dérouler en parfaite anaérobie comme il se
doit.
Après la première semaine à température
ambiante, mettez le bocal un peu plus au frais si possible (mais pas
obligatoire), soit au réfrigérateur, soit dans une pièce fraîche. (15-20
°C suffisent). N’oublions pas que la fermentation a été inventée à une
époque où les frigos n’existaient pas. C’est donc un mode de
conservation qui se passe très bien de frigidaire, du moment qu’on
n’entrepose pas les bocaux dans des pièces surchauffées ! La
fermentation totale dure environ 2 à 3 semaines. (Plus c’est au froid,
plus c’est long, si c’est au frigo, ça prendra plus de temps). Après ce
délai, on peut passez à la dégustation !
Les légumes fermentés peuvent se manger
chauds, en soupes ou en garniture d’un plat principal, mais c’est
également délicieux froid en salade. C’est ainsi qu’on profite au mieux
de leurs vitamines et probiotiques bienfaisants. Égouttez-les simplement
avant de les utiliser, et ne resalez pas le plat !
PRÉCAUTIONS INDISPENSABLES :
- Remplissez le bocal jusqu’à 2 cm en
dessous de l’ouverture pour éviter les débordements. Mais évitez d’avoir
des bocaux à moitié remplis ! Il faut laisser le moins d’air possible
entre la surface et le couvercle : donc c’est 2 cm, ni plus, ni moins.
Un bocal à moitié rempli, c’est l’échec assuré.
- Il peut se produire que, après 48
heures, vous ne voyez plus l’eau dans le bocal et que les légumes
semblent donc surnager ou être secs. Pas de panique ! C’est normal car
le volume des légumes gonfle à cause de la fermentation, donc le liquide
semble avoir disparu. Ce n’est qu’une apparence. Après 48 heures,
n’ouvrez surtout plus le bocal. La fermentation va se faire dans le jus
résiduel. Tant que vous n’ouvrez pas, il n’y a aucun risque. Par contre
si vous ouvrez et refermez, il pourra se produire des moisissures car vous aurez fait entrer de l’air dans le bocal.
Une livre de carottes, 5 grammes de sel, une cuillère à café de nigelle.
(Le cumin, la coriandre, l’estragon etc… vont bien aussi) Le tout bien
tassé dans un bocal de 500 ml. Après deux jours, le liquide a commencé à
déborder, signe que la fermentation a commencé (et que le bocal était
trop rempli).
Comment les manger ?
Lorsque vous accommoderez des salades
avec ces légumes, attention, ne rajoutez pas de sel. Il ne sera
peut-être pas non plus nécessaire de rajouter du vinaigre, goûtez, c’est
vous qui jugerez. L’acidité de la fermentation peut suffire. Ajoutez un
filet d’une très bonne huile d’olive, et ce sera très bien. On peut
aussi les manger chauds, en soupes, en poêlées, en garnitures pour
viandes et poissons.
Je vous rappelle
qu’avec la fermentation, contrairement à la stérilisation par
appertisation, le risque d’apparition de la toxine botulique est égal à
zéro. En effet, Clostridium botulinum ne peut se développer dans ce
milieu acidifié à l’acide lactique. Si jamais, pour quelque raison
obscure, qui est toujours liée à un manque de respect des consignes, la
fermentation lactique n’avait pas eu lieu, vous vous en apercevriez tout
de suite. L’odeur épouvantable (mais alors vraiment épouvantable,
pas de risque de confondre !) se dégageant du pot à l’ouverture vous
ôterait l’idée d’en manger le contenu. C’est donc sain et sûr à 100 %.
Préparés ainsi, les légumes ont encore
plus de vitamines après qu’avant le traitement. Vos salades de
chou-céleri-carottes-betteraves de tout l’hiver seront transformées en
bombes de bienfaits pour la santé.